Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/276

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Je suis redescendu sur la voie, le cœur gros, les yeux pleins de larmes.

Certes, le coup de Faruskiar, — au travers duquel s’était jeté son rival Ki-Tsang, — était habilement combiné en utilisant cet embranchement de six kilomètres qui conduit au viaduc inachevé. Rien n’était plus facile que d’y engager le train si un complice manœuvrait l’aiguille au raccordement des deux lignes. Puis, dès qu’un signal aurait indiqué que nous étions lancés sur l’embranchement, il n’y aurait plus qu’à gagner la plate-forme de la locomotive, à égorger le mécanicien et le chauffeur, et cela fait, à s’enfuir en profitant du ralentissement de la machine à laquelle son foyer surchauffé ne tarderait pas à rendre toute sa vitesse…

Et maintenant, il n’est pas douteux que ces coquins, dignes des tortures les plus raffinées de la justice chinoise, se dirigent en toute hâte vers la vallée de Tjou. C’est là, parmi les débris du train, qu’ils comptent retrouver les quinze millions d’or et de pierres précieuses. Et ce trésor, ils pourront l’emporter sans risquer d’être surpris, et la nuit leur permettra de consommer cet épouvantable crime…

Eh bien ! ils seront volés, ces voleurs, et, je l’espère, un si abominable forfait leur coûtera la tête — à tout le moins ! Je suis seul à savoir ce qui s’est passé, mais je le dirai, puisque le pauvre Kinko n’est plus…

Oui ! mon parti est pris, je parlerai, dès que j’aurai vu Zinca Klork… Il convient que la pauvre fille soit prévenue avec précaution… Je ne veux pas que la mort de son fiancé soit ébruitée et la frappe comme un coup de foudre… Oui !… demain… dès que nous serons arrivés à Pékin…

Après tout, si je ne veux rien raconter encore de ce qui concerne Kinko, je puis du moins dénoncer Faruskiar, Ghangir et les quatre Mongols leurs complices… Je puis dire que je les ai vus traverser le fourgon, que je les ai suivis, que je les ai compris pendant qu’ils s’entretenaient sur la plate-forme, que j’ai entendu les cris des mal-