la recherche du corps de mon pauvre Kinko, et je n’en retrouve même pas les débris !
Comme la locomotive ne peut se placer en tête du train, puisqu’il n’existe en cet endroit ni double voie ni plaque tournante, il est décidé qu’elle marchera en arrière, en nous remorquant jusqu’à la bifurcation, après avoir abandonné le tender et la machine qui sont hors d’usage. Il en résultera que le fourgon dans lequel est placée la caisse, hélas ! vide, de l’infortuné Roumain, se trouvera en queue de notre train.
On part, et, en une demi-heure, nous atteignons l’aiguille de la grande ligne de Pékin.
Très heureusement, il n’a pas été nécessaire de revenir à Taï-Youan, ce qui nous a épargné une heure et demie de retard. Avant de franchir l’aiguille, la locomotive est venue se mettre en direction sur Fuen-Choo ; puis, les wagons ont été poussés un à un au delà de la bifurcation, et le train s’est reformé dans les conditions normales. Dès cinq heures, nous courions avec la vitesse réglementaire à travers la province de Petchili.
Je n’ai rien à dire de cette dernière journée de voyage, pendant laquelle notre mécanicien chinois n’a point cherché à regagner le temps perdu, je lui rends cette justice. Mais, si quelques heures de plus ou de moins nous importent peu, il n’en est pas de même du baron Weissschnitzerdörfer, qui doit prendre à Tien-Tsin le paquebot de Yokohama.
En effet, quand nous sommes arrivés vers midi, le paquebot était parti depuis trois quarts d’heure, et dès que le « globe-trotter » allemand, le rival des Bly et des Bisland, s’est précipité sur le quai de la gare, ç’a été pour apprendre que ledit paquebot sortait en ce moment des bouches du Peï-Ho et prenait la pleine mer.
Infortuné voyageur ! Qu’on ne s’étonne donc point si notre train essuye une formidable bordée de jurons teutoniques que le baron lance « de tribord et de bâbord », eût dit M. Caterna. Et, franchement, il a bien le droit de pester dans sa langue maternelle !