intéressant voyage qu’il a fait jusqu’à Merv. Tout ce que j’ai entrevu en quittant la gare sur la gauche, c’est la sombre silhouette du fort turkoman, dominant la nouvelle ville, dont la population a presque doublé depuis 1887. Cela forme un bloc assez confus derrière un épais rideau d’arbres.
Revenu vers trois heures et demie. En ce moment, Popof traverse le fourgon de bagages, je ne sais pour quelle raison. Quelle doit être l’inquiétude du jeune Roumain pendant ces allées et venues devant sa caisse !
Dès que Popof a reparu :
« Rien de nouveau ? ai-je demandé.
— Rien, monsieur Bombarnac, si ce n’est que la brise du matin est fraîche.
— Très fraîche, en effet. Est-ce qu’il n’y a pas une buvette dans la gare ?
— Il y en a une pour l’agrément des voyageurs…
— Et pour l’agrément des employés, sans doute ? — Venez donc, Popof. »
Et Popof ne se fait pas autrement prier.
Si la buvette est ouverte, il me paraît que les consommateurs n’y peuvent trouver qu’un choix restreint de consommations. Pour toute liqueur, du « kimis », boisson tirée du lait fermenté de jument, d’un goût d’encre plutôt fade, très nourrissante quoique très liquide. Il faut être Tartare rien que pour regarder ce kimis. Du moins, tel est l’effet qu’il m’a produit. Mais Popof l’a trouvé excellent, et c’est l’essentiel.
La plupart des Sarthes et des Kirghizes, qui venaient de descendre à Askhabad, ont été remplacés par d’autres voyageurs de deuxième classe, Afghans, marchands de leur état, et surtout contrebandiers, très entendus en affaires de ce genre. Tout le thé vert qui est consommé dans l’Asie centrale, ils le font venir de Chine par l’Inde, et, bien que le transport en soit considérablement allongé, ils le livrent à un prix inférieur au thé russe. Il va sans