Page:Verne - Clovis Dardentor, Hetzel, 1900.djvu/182

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rité ?… Faut-il que je lui insuffle de l’air dans les poumons ?… Qu’il ne se gêne pas !… J’ai plein la poitrine d’un oxygène supérieur dont je possède seul le secret !

— Monsieur Dardentor… mon sauveur !… dit Marcel Lornans en se redressant.

— Mais non… mais non !…

— Mais si… mais si ! riposta Jean Taconnat. Sans vous, il était asphyxié !… Sans vous, il était cuit, recuit, brûlé, incinéré !… Sans vous, il n’en resterait qu’une poignée de cendres, et je n’aurais plus qu’à le remporter dans une urne !…

— Pauvre garçon !… Pauvre garçon !… » répéta M. Dardentor en levant les mains au ciel.

Puis il ajouta :

« C’est pourtant vrai que je l’ai sauvé ! »

Et il le regardait avec de bons yeux troublés, et il l’embrassa dans un véritable accès de « périchonisme » aigu, qui passerait peut-être à l’état chronique.

On causa.

Comment le feu avait-il pris au compartiment où Marcel Lornans dormait d’un si parfait sommeil ?… Probablement une flammèche envolée de la locomotive, projetée à travers la vitre abaissée… Alors les coussins brûlés par la flamme… l’incendie activé grâce à la vitesse du train…

« Et ces dames ?… demanda Marcel Lornans.

— Elles vont bien et sont remises de leur épouvante, mon cher Marcel… »

Déjà « mon cher Marcel », sembla dire Jean Taconnat en hochant la tête.

« Car vous êtes comme mon enfant… désormais ! insista Clovis Dardentor.

— Son enfant ! murmura le cousin.

— Et, continua ce digne homme, si vous aviez vu Mlle Elissane, lorsque le train s’est enfin arrêté, se précipiter vers le wagon aux