Page:Verne - Clovis Dardentor, Hetzel, 1900.djvu/183

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flammes tourbillonnantes… oui… aussi vite que moi !… Et, lorsque je vous ai déposé sur la voie, si vous l’aviez vue prendre son mouchoir, y verser quelques gouttes d’un flacon de sels, vous imbiber les lèvres !… Ah ! vous lui avez fait une belle peur, et j’ai cru qu’elle allait perdre connaissance !… »

Marcel Lornans, plus ému qu’il n’eût voulu le paraître, saisit les mains de M. Dardentor, et le remercia de tout ce qu’il avait fait pour lui… de ses soins… du mouchoir de Mlle Louise ! Bon ! voici notre Perpignanais qui s’attendrit, ses yeux qui deviennent humides…

« Une goutte de pluie entre deux rayons de soleil ! » se dit Jean Taconnat, qui contemplait ce touchant tableau d’un air légèrement goguenard.

« Enfin, mon cher Marcel, est-ce que vous n’allez pas démarrer de votre lit ?… demanda M. Dardentor.

— Je me levais, quand vous êtes entré.

— Si je puis vous aider…

— Merci… merci !… Jean est là…

— C’est qu’il ne faut pas m’épargner ! reprit M. Dardentor. Vous m’appartenez maintenant !… J’ai fichtre bien le droit de vous entourer de soins…

— Paternels, souffla Jean.

— Paternels… tout ce qu’il y a de plus paternels, et que la queue du diable me serre la gargamelle !… »

Heureusement Patrice n’était pas là.

« Enfin, mes amis, dépêchons !… Nous vous attendons tous les deux dans la salle à manger… Une tasse de café, et nous irons à la gare où je désire voir de mes yeux si rien ne manque à l’organisation de la caravane… Puis, nous parcourrons la ville… Oh ! ce sera vite fait, — ensuite, les environs !… Et demain, entre huit et neuf, en route à la manière arabe !… En route, les touristes !… En route, les excursionnistes !… Vous verrez si j’ai l’air bien ficelé, quand je suis drapé de mon zerbani !… Un cheik… un vrai cheik de la Cheikardie ! »

Enfin, après avoir gratifié Marcel Lornans d’une poignée de main