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les sources de l’Oued-Hounet. On côtoya alors la forêt des Djeffra-Chéraga, dont la superficie n’est pas inférieure à vingt et un mille hectares.

Au nord se développent de vastes exploitations d’alfaciers, avec leurs chantiers, leurs ateliers pourvus de presses hydrauliques pour comprimer la « stipa tendrissima » — l’alfa en arabe. Cette graminée, qui résiste à la sécheresse et à la chaleur, sert à la nourriture des chevaux et des bestiaux, et ses feuilles rondes sont employées à la fabrication de la sparterie, des nattes, des cordes, des tapis, des chaussures, et d’un papier très solide.

« Au surplus, fit observer l’agent à M. Dardentor, immenses plaines d’alfa, immenses forêts, montagnes dont on extrait le minerai de fer, carrières qui fournissent la pierre et le marbre, se succéderont le long de notre route.

— Et nous ne songerons pas à nous plaindre… répondit Clovis Dardentor.

— Surtout si les points de vue sont pittoresques, ajouta Marcel Lornans, en pensant à tout autre chose.

— Est-ce que les cours d’eau abondent dans cette partie de la province ?… demanda Jean Taconnat.

— Des oueds, repartit le guide Moktani, il y en a plus que de veines dans le corps humain !…

— Trop de veines, au pluriel, murmura Jean Taconnat, et pas assez au singulier ! »

La région que traversait l’itinéraire appartient au Tell, — nom donné à cette bande inclinée vers la Méditerranée. C’est la plus favorisée de la province d’Oran, où les chaleurs sont excessives et supérieures à celles de toute l’ancienne Berbérie. Cependant la température y est supportable, alors que sur les Hauts-Plateaux des pâturages et des lacs salés, puis au-delà, dans le Sahara, où l’air se charge d’une aveuglante poussière, le règne végétal et le règne animal sont dévorés par les ardeurs du soleil africain.

Si le climat de la province d’Oran est le plus chaud de l’Algérie, il en est le plus sain. Cette salubrité tient à la fréquence des brises