Page:Verne - Clovis Dardentor, Hetzel, 1900.djvu/24

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que le capitaine Bugarach allait se découvrir d’abord, s’incliner ensuite…

« Qui çà… Dardentor ?… Connais pas !

— M. Clovis Dardentor… de Perpignan…

— Eh bien, si M. Clovis Dardentor, de Perpignan, n’est pas à bord d’ici quarante secondes, l’Argèlès partira sans M. Clovis Dardentor… Larguez à l’avant ! »

M. Désirandelle dégringola plutôt qu’il ne descendit l’échelle, et déboula sur la dunette.

« On part ?… s’écria Mme Désirandelle, dont la colère empourpra une seconde les joues déjà blanchissantes.

— Le capitaine est un butor !… Il n’a rien voulu entendre et ne veut pas attendre !

— Débarquons à l’instant !…

— Madame Désirandelle… c’est impossible !… Nos bagages sont à fond de cale….

— Débarquons, vous dis-je !

— Nos places sont payées… »

À la pensée de perdre le prix d’un triple passage de Cette à Oran, Mme Désirandelle redevint livide.

« La bonne dame amène son pavillon ! dit Jean Taconnat.

— Alors elle va se rendre ! » ajouta Marcel Lornans.

Elle se rendait en effet, mais non sans s’épancher en oiseuses récriminations.

« Ah ! ce Dardentor… il est incorrigible !… Jamais là où il devrait se trouver !… Au lieu d’être venu directement au bateau, pourquoi est-il allé chez ce Pigorin !… Et… là-bas… sans lui… à Oran… que ferons-nous ?…

— Nous l’attendrons chez Mme Elissane, répondit M. Désirandelle, et il nous rejoindra par le prochain paquebot, dût-il l’aller prendre à Marseille !…

— Ce Dardentor… ce Dardentor !… répétait la dame, dont la pâleur s’accrut encore aux premières oscillations de l’Argèlès. Ah !