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deux ans de vacances.

trastaient avec les forêts verdoyantes du centre, et auxquels Gordon put donner très justement le nom de Sandy-desert (désert de sable).

Vers trois heures, la rive opposée, qui s’arrondissait à moins de deux milles au nord-est, apparut distinctement. Cette région paraissait abandonnée de toute créature vivante, si ce n’est des oiseaux de mer, cormorans, pétrels, grèbes, qui passaient en regagnant les roches du littoral.

En vérité, si le Sloughi eût abordé ces parages, les jeunes naufragés, en voyant une terre aussi stérile, auraient cru qu’ils y seraient privés de toute ressource ! En vain eussent-ils cherché au milieu de ce désert l’équivalent de leur confortable demeure de French-den ! Lorsque l’abri du schooner aurait manqué, ils n’auraient su où trouver un refuge !

Était-il nécessaire, maintenant, d’aller plus avant dans cette direction, de reconnaître entièrement cette partie de l’île qui semblait inhabitable ? Ne vaudrait-il pas mieux remettre à une seconde expédition l’exploration de la rive droite du lac, où d’autres forêts pouvaient offrir de nouvelles richesses ? Oui, sans doute. D’ailleurs, c’était dans les parages de l’est que devait se trouver le continent américain, si l’île Chairman en était voisine.

Cependant, sur la proposition de Doniphan, on résolut de gagner l’extrémité du lac, qui ne devait pas être éloignée, car la double courbure de ses rives se prononçait de plus en plus.

C’est ce qui fut exécuté, et, à la nuit tombante, on faisait halte au fond d’une petite crique qui se creusait à l’angle nord du Family-lake.

En cet endroit, pas un arbre, pas même quelque amas de touffes herbeuses, de mousses ou de lichens desséchés. Faute de combustible, il fallut se contenter des provisions que renfermaient les sacs, et, faute d’abri, du tapis de sable sur lequel on étendit les couvertures.

Pendant cette première nuit, rien ne vint troubler le silence de Sandy-desert.