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deux ans de vacances.

à quelque secret remords, ce que j’ai fait ?… Toi, peut-être… tu me pardonnerais… tandis que les autres…

— Les autres ?… Les autres ?… s’était écrié Briant. Que veux-tu dire, Jacques ? »

Des larmes avaient jailli des yeux de l’enfant ; mais, malgré l’insistance de son frère, il n’avait plus ajouté que ceci :

« Plus tard tu sauras… plus tard !… »

Après cette réponse, on comprend ce que devait être l’inquiétude de Briant. Qu’y avait-il de si grave dans le passé de Jacques ? C’est là ce qu’il voulait à tout prix savoir. Aussitôt que Gordon fut de retour, Briant lui parla donc de ces demi-aveux arrachés à son frère, le priant même d’intervenir à ce sujet.

« À quoi bon, lui répondit sagement Gordon. Mieux vaut laisser Jacques agir de son propre mouvement ! Quant à ce qu’il a fait… sans doute quelque peccadille dont il s’exagère l’importance !… Attendons qu’il s’explique de lui-même ! »

Dès le lendemain – 9 novembre – les jeunes colons s’étaient remis à la besogne. L’ouvrage ne manquait pas. Et d’abord, il y eut lieu de faire droit aux réclamations de Moko, dont l’office commençait à se vider, bien que les collets, tendus aux abords de French-den, eussent fonctionné à différentes reprises. En réalité, c’était le gros gibier qui faisait défaut. Dès lors, nécessité d’aviser à construire des pièges assez solides pour que les vigognes, les pécaris, les guaçulis, pussent s’y prendre, sans coûter un grain de plomb ni un grain de poudre.

Ce fut à des travaux de ce genre que les grands consacrèrent tout ce mois de novembre – le mois de mai des latitudes de l’hémisphère septentrional.

Sitôt leur arrivée, le guanaque, la vigogne et ses deux petits avaient été provisoirement installés sous les arbres les plus rapprochés de French-den. Là, de longues cordes leur permettaient de se mouvoir dans un certain rayon. Cela suffirait pendant la période des longs jours ; mais, avant que l’hiver fût venu, l’établissement d’un abri plus con-