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deux ans de vacances.

hachettes, des munitions en quantité suffisante, des lignes de fond, des couvertures de voyage, une des boussoles de poche, le léger canot de caoutchouc, et seulement quelques conserves, ne doutant pas que la chasse et la pêche ne dussent amplement fournir à leurs besoins. D’ailleurs, cette expédition – croyaient-ils – ne durerait que six à sept jours. Lorsqu’ils auraient fait choix d’une demeure, ils reviendraient à French-den, ils y prendraient leur part des objets provenant du Sloughi dont ils étaient légitimes possesseurs, et ils chargeraient le chariot de ce matériel. Lorsqu’il plairait à Gordon ou à quelque autre de venir les visiter, on leur ferait bon accueil ; mais, quant à continuer de partager la vie commune dans les conditions actuelles, ils s’y refusaient absolument, et, à cet égard, ne consentiraient point à revenir sur leur détermination.

Le lendemain, dès le lever du soleil, Doniphan, Cross, Webb et Wilcox prirent congé de leurs camarades, qui se montrèrent très attristés de cette séparation. Peut-être eux-mêmes étaient-ils plus émus qu’ils ne le laissaient paraître, bien qu’ils fussent très fermement décidés à réaliser leur projet, dans lequel l’entêtement avait une grande part. Après avoir traversé le rio Zealand avec la yole que Moko ramena à la petite digue, ils s’éloignèrent sans trop se hâter, examinant à la fois cette partie inférieure du Family-lake, qui se rétrécissait peu à peu vers sa pointe, et l’immense plaine des South-moors, dont on ne voyait la fin ni dans le sud ni dans l’ouest.

Quelques oiseaux furent tués, chemin faisant, sur le bord même du marécage. Doniphan, comprenant qu’il devait ménager ses munitions, s’était contenté du gibier nécessaire pour la nourriture du jour.

Le temps était couvert, sans qu’il y eût menace de pluie, et la brise paraissait fixée au nord-est. Pendant cette journée, les quatre garçons ne firent pas plus de cinq à six milles, et, arrivés vers cinq heures du soir à l’extrémité du lac, ils s’arrêtèrent afin d’y passer la nuit.

Tels sont les faits qui s’étaient accomplis à French-den, entre les derniers jours du mois d’août et le 11 octobre.