Page:Verne - Deux Ans de vacances, Hetzel, 1909.djvu/336

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
318
deux ans de vacances.

vers la partie orientale de l’île Chairman, Briant avait affirmé que la petite colonie aurait pu s’y installer dans de bonnes conditions. Les masses rocheuses de la côte renfermaient de nombreuses cavernes, les forêts au levant du Family-lake confinaient à la grève, l’East-river fournissait l’eau douce en abondance, le gibier de poil et de plume pullulait sur ses rives, – enfin, la vie y devait être aussi aisée qu’à French-den, et beaucoup plus qu’elle ne l’eût été à Sloughi-bay. En outre, la distance entre French-den et la côte n’était que de douze milles en ligne droite, dont six pour la traversée du lac et à peu près autant pour redescendre le cours de l’East-river. Donc, en cas de nécessité absolue, il serait aisé de communiquer avec French-den.

C’est après avoir sérieusement réfléchi à tous ces avantages que Doniphan avait décidé Wilcox, Cross et Webb à venir s’établir avec lui sur l’autre littoral de l’île.

Cependant, ce n’était pas par eau que Doniphan se proposait d’atteindre Deception-bay. Descendre la rive du Family-lake jusqu’à sa pointe méridionale, contourner cette pointe, remonter la rive opposée, afin d’atteindre l’East-river, en explorant une contrée dont on ne connaissait rien encore, puis longer le cours d’eau au milieu de la forêt jusqu’à son embouchure, tel était l’itinéraire qu’il comptait suivre. Ce serait un assez long parcours – quinze à seize milles environ, – mais ses camarades et lui le feraient en chasseurs. De cette façon, Doniphan éviterait de s’embarquer dans la yole, dont la manœuvre eût demandé une main plus expérimentée que la sienne. Le halkett-boat qu’il voulait emporter suffirait pour traverser l’East-river, et, au besoin, pour franchir d’autres rios, s’il s’en trouvait dans l’est de l’île.

Au surplus, cette première expédition ne devait avoir pour objectif que de reconnaître le littoral de Deception-bay, afin d’y choisir l’endroit où Doniphan et ses trois amis reviendraient se fixer définitivement. Aussi, ne voulant point s’embarrasser de bagages, résolurent-ils de ne prendre que deux fusils, quatre revolvers, deux