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Page:Verne - Deux Ans de vacances, Hetzel, 1909.djvu/364

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deux ans de vacances.

La matinée fut consacrée aux derniers préparatifs, qui durèrent plus d’une heure après le déjeuner. Puis, tous se rendirent sur Sport-terrace.

« Quelle bonne idée Briant avait eue de construire cette machine ! » répétaient Iverson et les autres en battant des mains.

Il était une heure et demie. L’appareil, étendu sur le sol, sa longue queue déployée, allait être livré à l’action de la brise, et on n’attendait plus que le signal de Briant, lorsque celui-ci suspendit la manœuvre.

À ce moment, en effet, son attention venait d’être détournée par Phann, qui s’élançait précipitamment du côté de la forêt, en faisant entendre des aboiements si plaintifs, si étranges, qu’il y avait lieu d’en être surpris.

« Qu’a donc Phann ? demanda Briant.

— Est-ce qu’il a senti quelque animal sous les arbres ? répondit Gordon.

— Non !… Il aboierait autrement !

— Allons voir !… s’écria Service.

— Pas sans être armés ! » ajouta Briant.

Service et Jacques coururent à French-den, d’où ils revinrent chacun avec un fusil chargé.

« Venez, » dit Briant.

Et tous trois, accompagnés de Gordon, se dirigèrent vers la lisière de Traps-woods. Phann l’avait franchie déjà, et, si on ne le voyait plus, on l’entendait toujours.

Briant et ses camarades avaient fait cinquante pas à peine, lorsqu’ils aperçurent le chien arrêté devant un arbre, au pied duquel gisait une forme humaine.

Une femme était étendue là, immobile comme une morte, une femme dont les vêtements – jupe de grosse étoffe, corsage pareil, châle de laine brune, noué à sa ceinture – paraissaient encore en assez bon état. Sa figure portait des traces d’excessives souffrances, bien qu’elle fût de constitution robuste, n’étant d’ailleurs âgée que