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Page:Verne - Deux Ans de vacances, Hetzel, 1909.djvu/365

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deux ans de vacances.

de quarante à quarante-cinq ans. Épuisée de fatigues, de faim peut-être, elle avait perdu connaissance, mais un léger souffle s’exhalait de ses lèvres.

Que l’on juge de l’émotion des jeunes colons en présence de la première créature humaine qu’ils eussent rencontrée depuis leur arrivée sur l’île Chairman !

« Elle respire !… Elle respire ! s’écria Gordon. Sans doute, la faim, la soif… »

Aussitôt Jacques courut vers French-den, d’où il rapporta un peu de biscuit avec une gourde de brandy.

Alors, Briant, penché sur cette femme, entr’ouvrit ses lèvres, étroitement serrées, et parvint à y introduire quelques gouttes de la réconfortante liqueur.

La femme fit un mouvement, releva ses paupières. Tout d’abord, son regard s’anima à la vue de ces enfants, réunis autour d’elle… Puis, ce morceau de biscuit que lui présentait Jacques, elle le porta avidement à sa bouche.

On le voyait, cette malheureuse se mourait de besoin plus que de fatigue.

Mais quelle était cette femme ? Serait-il possible d’échanger quelques paroles avec elle et de la comprendre ?…

Briant fut aussitôt fixé à cet égard.

L’inconnue s’était redressée, et elle venait de prononcer ces mots en anglais :

« Merci… mes enfants… merci ! »

Une demi-heure plus tard, Briant et Baxter l’avaient déposée dans le hall. Là, aidés de Gordon et de Doniphan, ils lui donnaient tous les soins que réclamait son état.

Dès qu’elle se sentit un peu remise, elle s’empressa de raconter son histoire.

Voici ce qu’elle dit, et l’on verra combien le récit de ses aventures devait intéresser les jeunes colons.

Elle était d’origine américaine, avait longtemps vécu sur les