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deux ans de vacances.

aurait donné prise au vent suivant son inclinaison déterminée par la disposition du balancier, Briant, Gordon, Service, Cross, Garnett, préposés à la manœuvre du virevau, lui fileraient de la corde à mesure qu’il s’élèverait dans l’air.

« Attention ! cria Briant.

— Nous sommes prêts ! répondit Doniphan.

— Allez ! »

L’appareil se releva peu à peu, frémit sous la brise et s’inclina sur le lit du vent :

« Filez !… filez ! » cria Wilcox.

Et, aussitôt, le virevau de se dérouler sous la tension de la ligne, tandis que le cerf-volant et la nacelle montaient lentement à travers l’espace.

Bien que ce fût imprudent, des hurrahs éclatèrent, lorsque le « Géant des airs » eut quitté le sol. Mais, presque aussitôt, il disparut dans l’ombre – vif désappointement pour Iverson, Jenkins, Dole et Costar, qui auraient voulu ne point le perdre de vue, pendant qu’il se balançait au-dessus du Family-lake. Ce qui amena Kate à leur dire :

« Ne vous désolez point, mes papooses !… Une autre fois, quand il n’y aura plus de danger, on l’enlèvera en plein jour, votre géant, et on vous permettra de lui envoyer des postillons, si vous avez été sages ! »

Bien qu’on ne le vît plus alors, on sentait que le cerf-volant tirait régulièrement, preuve qu’une brise bien établie soufflait dans les hautes zones, et que la traction était modérée ; preuve aussi que le balancier était disposé comme il convenait.

Briant, voulant que la démonstration fût convaincante, autant que le permettaient les circonstances, laissa la corde se dérouler jusqu’à son extrémité. Il put alors apprécier son degré de tension, qui n’avait rien d’anormal. Le virevau en avait filé douze cents pieds, et, très probablement, l’appareil avait dû s’élever à une hauteur de sept à huit cents. Cette manœuvre n’avait pas demandé plus de dix minutes.

L’expérience étant réalisée, on se relaya aux manivelles, afin de