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deux ans de vacances.

relever la corde. Seulement, cette seconde partie de l’opération fut de beaucoup la plus longue. Il ne fallut pas moins d’une heure pour ramener les douze cents pieds de ligne.

De même que pour un aérostat, l’atterrissement du cerf-volant est toujours la manœuvre la plus délicate, si l’on veut qu’il atterrisse sans choc. Mais, la brise était si constante alors, que cela se fit avec un entier succès. Bientôt, l’octogone de toile eût reparu dans l’ombre, et il vint s’abattre doucement sur le sol, à peu près au point d’où il était parti.

Des hurrahs accueillirent son arrivée comme ils avaient salué son départ.

Il n’y avait donc plus qu’à le maintenir à terre, afin qu’il ne donnât pas prise au vent. Aussi, Baxter et Wilcox offrirent-ils de le veiller jusqu’au lever du jour.

Le lendemain, 8 novembre, à la même heure se ferait l’opération définitive.

Et, maintenant, on n’attendait plus que les ordres de Briant pour rentrer à French-den.

Briant ne disait rien et semblait profondément absorbé dans ses réflexions.

À quoi songeait-il ? Était-ce aux périls que présentait une ascension tentée dans des conditions si exceptionnelles ? Pensait-il à la responsabilité qu’il assumait, en laissant un de ses camarades se hasarder dans cette nacelle ?

« Rentrons, dit Gordon. Il est tard…

— Un instant, répondit Briant. Gordon, Doniphan, attendez !… J’ai une proposition à faire !

— Parle, répliqua Doniphan.

— Nous venons d’essayer notre cerf-volant, reprit Briant, et cet essai a réussi, parce que les circonstances étaient favorables, le vent étant régulier, ni trop faible ni trop fort. Or, savons-nous quel temps il fera demain, et si le vent permettra de maintenir l’appareil au-dessus du lac ? Aussi me paraîtrait-il sage de ne point remettre l’opération ! »