Aller au contenu

Page:Verne - Deux Ans de vacances, Hetzel, 1909.djvu/417

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
399
deux ans de vacances.

sible de les barricader avec de grosses pierres, qui furent entassées à l’intérieur de French-den. Quant aux étroites fenêtres, percées dans la paroi et qui servaient d’embrasures aux deux petits canons, l’une défendrait la façade du côté du rio Zealand, et l’autre, la façade du côté du Family-lake. En outre, les fusils, les revolvers, furent prêts à tirer dès la moindre alerte.

Kate approuvait toutes ces mesures, cela va sans dire. Cette femme énergique se gardait bien de rien laisser voir de ses inquiétudes, trop justifiées, hélas ! lorsqu’elle songeait aux chances si incertaines d’une lutte avec les matelots du Severn. Elle les connaissait, eux et leur chef. S’ils étaient insuffisamment armés, ne pouvaient-ils agir par surprise en dépit de la plus sévère surveillance ? Et, pour les combattre, quelques jeunes garçons, dont le plus âgé n’avait pas seize ans accomplis ! Vraiment, la partie eût été par trop inégale ! Ah ! pourquoi le courageux Evans n’était-il pas avec eux ? Pourquoi n’avait-il pas suivi Kate dans sa fuite ? Peut-être aurait-il su mieux organiser la défense et mettre French-den en état de résister aux attaques de Walston !

Malheureusement, Evans devait être gardé à vue, si même ses compagnons ne s’étaient pas déjà défaits de lui, comme d’un témoin dangereux, et dont ils n’avaient plus besoin pour conduire la chaloupe aux terres voisines !

Telles étaient les réflexions de Kate. Ce n’était pas pour elle qu’elle craignait, c’était pour ces enfants, sur lesquels elle veillait sans cesse, bien secondée par Moko, dont le dévouement égalait le sien.

On était au 27 novembre. Depuis deux jours, la chaleur avait été étouffante. De gros nuages passaient lourdement sur l’île, et quelques roulements lointains annonçaient l’orage. Le storm-glass indiquait une prochaine lutte des éléments.

Ce soir-là, Briant et ses camarades étaient rentrés plus tôt que d’habitude dans le hall, non sans avoir pris la précaution, – ainsi que cela se faisait depuis quelque temps, – de traîner la yole à l’intérieur de Store-room. Puis, les portes bien closes, chacun n’eut plus qu’à