tait un esprit pratique, qui ne se laissait point aller à des entraînements inconsidérés, et un caractère qui le portait à envisager toute situation avec calme. Il pensa, – il ne se trompait pas, – que ce devait être le plus sérieux de tous, et son observation lui parut digne d’être discutée.
« En effet, monsieur Gordon, répondit-il, n’importe quel moyen serait bon pour se délivrer de la présence de ces malfaiteurs. C’est pourquoi, après avoir été mis à même de réparer leur chaloupe, s’ils consentaient à partir, cela vaudrait mieux que d’engager une lutte dont le résultat peut être douteux. Mais, se fier à Walston, est-ce possible ? Lorsque vous serez en relation avec lui, n’en profitera-t-il pas pour tenter de surprendre French-den, pour s’emparer de ce qui vous appartient ? Ne peut-il s’imaginer que vous avez dû sauver quelque argent du naufrage ? Croyez-moi, ces coquins ne chercheront qu’à vous faire du mal en échange de vos services ! Dans ces âmes-là, il n’y a pas place pour la reconnaissance ! S’entendre avec eux, c’est se livrer…
— Non !… Non !… s’écrièrent Baxter et Doniphan, à qui leurs camarades se joignirent avec une énergie qui fit plaisir au master.
— Non !… ajouta Briant. N’ayons rien de commun avec Walston et sa bande !
— Et puis, reprit Evans, ce ne sont pas seulement des outils dont ils ont besoin, ce sont des munitions ! Qu’ils en aient encore assez pour tenter une attaque, cela n’est que trop certain !… Mais, quand il s’agira de courir d’autres parages à main armée, ce qui leur reste de poudre et de plomb ne suffira pas !… Ils vous en demanderont !… Ils en exigeront !… Leur en donnerez-vous ?…
— Non, certes ! répondit Gordon.
— Eh bien, ils essaieront de s’en procurer par la force ! Vous n’aurez fait que reculer le combat, et il se fera dans des conditions moins bonnes pour vous !…
— Vous avez raison, master Evans ! répondit Gordon. Tenons-nous sur la défensive et attendons !