— Oui, c’est le bon parti !… Attendons, monsieur Gordon. D’ailleurs, pour attendre, il y a une raison qui me touche plus encore que toute autre.
— Laquelle ?
— Écoutez-moi bien ! Walston, vous le savez, ne peut quitter l’île qu’avec la chaloupe du Severn ?
— C’est évident ! répondit Briant.
— Or, cette chaloupe est parfaitement réparable, je l’affirme, et si Walston a renoncé à la mettre en état de naviguer, c’est faute d’outils…
— Sans cela, dit Baxter, il serait loin déjà !
— Comme vous dites, mon garçon. Donc, si vous fournissez à Walston les moyens de radouber l’embarcation, – j’admets qu’il abandonne l’idée de piller French-den, – il se hâtera de partir sans s’inquiéter de vous.
— Eh ! que ne l’a-t-il fait ! s’écria Service.
— Mille diables ! s’il l’avait fait, répondit Evans, comment serions-nous à même de le faire, puisque la chaloupe du Severn ne serait plus là ?
— Quoi, master Evans, demanda Gordon, vous comptez sur cette embarcation pour quitter l’île ?…
— Absolument, monsieur Gordon !
— Pour regagner la Nouvelle-Zélande, pour traverser le Pacifique ? ajouta Doniphan.
— Le Pacifique ?… Non, mes garçons, répondit Evans, mais pour gagner une station peu éloignée, où nous attendrions l’occasion de revenir à Auckland !
— Dites-vous vrai, monsieur Evans ? s’écria Briant.
Et en même temps, deux ou trois de ses camarades voulurent presser le master de questions.
« Comment cette chaloupe pourrait-elle suffire à une traversée de plusieurs centaines de milles ? fit observer Baxter.
— Plusieurs centaines de milles ? répondit Evans. Non point ! Une trentaine seulement !