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deux ans de vacances.

du couloir, dont la porte fut refermée sur eux. Quelques instants après, Gordon, Briant, Doniphan et Baxter accouraient sur le bord du rio Zealand. En les apercevant, les deux hommes feignirent une extrême surprise, à laquelle Gordon répondit par une surprise non moins grande.

Rock et Forbes semblaient accablés de fatigue, et, dès qu’ils eurent atteint le cours d’eau, voici les paroles qui s’échangèrent d’une rive à l’autre :

« Qui êtes-vous ?

— Des naufragés qui viennent de se perdre au sud de l’île, avec la chaloupe du trois-mâts Severn !

— Vous êtes Anglais ?…

— Non, Américains.

— Et vos compagnons ?…

— Ils ont péri ! Seuls, nous avons échappé au naufrage, et nous sommes à bout de forces !… À qui avons-nous affaire, s’il vous plaît ?…

— Aux colons de l’île Chairman.

— Que les colons prennent pitié de nous et nous accueillent, car nous voilà sans ressources…

— Des naufragés ont toujours droit à l’assistance de leurs semblables !… répondit Gordon. Vous serez les bienvenus ! »

Sur un signe de Gordon, Moko embarqua dans la yole, qui était amarrée près de la petite digue, et, en quelques coups d’aviron, il eut ramené les deux matelots sur la rive droite du rio Zealand.

Sans doute, Walston n’avait pas eu le choix, mais, il faut bien l’avouer, la figure de Rock n’était pas faite pour inspirer la confiance, — même à des enfants, si peu habitués qu’ils fussent à déchiffrer une physionomie humaine. Bien qu’il eût essayé de se faire une tête d’honnête homme, quel type de bandit que ce Rock, avec son front étroit, sa tête élargie par derrière, sa mâchoire inférieure très prononcée ! Forbes, — celui en qui tout sentiment d’humanité n’était peut-être pas éteint, au dire de Kate, — se présentait sous un meilleur aspect. C’était probablement la raison pour laquelle Walston l’avait adjoint à l’autre.