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Page:Verne - Deux Ans de vacances, Hetzel, 1909.djvu/98

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deux ans de vacances.

Cette fois, surprise sur la grève, elle cherchait à regagner son élément naturel.

En vain les enfants, après lui avoir passé une corde autour de son cou qui était allongé hors de la carapace, essayaient-ils de retenir le vigoureux animal. Celui-ci continuait à se déplacer, et s’il n’avançait pas vite, du moins « tirait-il » avec une force irrésistible, entraînant toute la bande à sa suite. Par espièglerie, Jenkins avait juché Costar sur la carapace, et Dole, à califourchon derrière lui, maintenait le petit garçon qui ne cessait de pousser des cris de terreur d’autant plus perçants que la tortue se rapprochait de la mer.

« Tiens bon !… tiens bon… Costar ! dit Gordon.

— Et prends garde que ton cheval ne prenne le mors aux dents ! » s’écria Service.

Briant ne put s’empêcher de rire, car il n’y avait aucun danger. Dès que Dole lâcherait Costar, l’enfant n’avait qu’à se laisser glisser ; il en serait quitte pour la peur.

Mais, ce qui était urgent, c’était de capturer l’animal. Évidemment, lors même que Briant et les autres joindraient leurs efforts à ceux des petits, ils ne parviendraient point à l’arrêter. Il y avait donc lieu d’aviser au moyen d’enrayer sa marche, avant qu’il n’eût disparu sous les eaux, où il serait en sûreté.

Les revolvers, dont Gordon et Briant s’étaient munis en quittant le schooner, ne pouvaient leur servir, puisque la carapace d’une tortue est à l’épreuve de la balle, et si on l’eût attaquée à coups de hache, elle aurait rentré sa tête et ses pattes pour se mettre hors d’atteinte.

« Il n’y a qu’un seul moyen, dit Gordon, c’est de la renverser sur le dos !

— Et comment ? répliqua Service. Cette bête-là pèse au moins trois cents, et nous ne pourrons jamais…

— Des espars !… des espars !… » répondit Briant.

Et, suivi de Moko, il revint à toutes jambes vers le Sloughi.