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le comte d'artigas.

faisait autour de lui, ne dénotaient que trop un complet état d’inconscience et un abaissement profond des facultés mentales.

Thomas Roch venait de s’asseoir sur un banc, et du bout d’une badine qu’il tenait à la main, il traça sur l’allée un profil de fortification. Puis, s’agenouillant, il fit de petites meules de sable qui figuraient évidemment des bastions. Alors, après avoir détaché quelques feuilles d’un arbuste voisin, il les planta sur la pointe des meules, comme autant de drapeaux minuscules, — tout cela sérieusement, sans qu’il se fût en aucune façon préoccupé des personnes qui le regardaient.

C’était là un jeu d’enfants, mais un enfant n’aurait pas eu cette gravité caractéristique.

« Est-il donc absolument fou ?… demanda le comte d’Artigas, qui, malgré son impassibilité habituelle, parut ressentir quelque désappointement.

— Je vous ai prévenu, monsieur le comte, qu’on ne pouvait rien en obtenir, répondit le directeur.

— Ne saurait-il au moins nous prêter quelque attention ?…

— L’y décider sera peut-être difficile. »