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cienne terre, il ne restait que l’île Gourbi, plus quatre îlots : Gibraltar, occupé par les Anglais, Ceuta, abandonné par les Espagnols, Madalena, où la petite Italienne avait été recueillie, et le tombeau de saint Louis, sur la rive tunisienne. Autour de ces points respectés, s’étendait la mer Gallienne, comprenant environ la moitié de l’ancienne Méditerranée, et à laquelle des falaises rocheuses, de substance et d’origine inconnues, faisaient un cadre infranchissable.

Deux de ces points seulement étaient habités, le rocher de Gibraltar, qu’occupaient treize Anglais, approvisionnés pour de longues années encore, et l’île Gourbi, comptant vingt-deux habitants, qu’elle devait nourrir de ses seules productions. Peut-être existait-il, en outre, sur quelque îlot ignoré, un dernier survivant de l’ancienne terre, le mystérieux auteur des notices recueillies pendant le voyage de la Dobryna. C’était donc une population de trente-six âmes que possédait le nouvel astéroïde.

En admettant que tout ce petit monde fût un jour réuni sur l’île Gourbi, cette île, avec ses trois cent cinquante hectares de bon sol, actuellement cultivés, bien aménagés, bien ensemencés, pouvait amplement lui suffire. Toute la question se réduisait à savoir vers quelle époque ledit sol redeviendrait productif, en d’autres termes, après quel laps de temps Gallia, délivrée des froids de l’espace sidéral, recouvrerait, en se rapprochant du soleil, sa puissance végétative.