Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/68

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— Alors, mon capitaine, vous pensez que les camarades…

— Je pense, ou du moins j’espère que la catastrophe a limité ses ravages à quelques points de la côte algérienne, et que, par conséquent, nos camarades sont sains et saufs.

— Oui, mon capitaine, il faut l’espérer.

— Il n’est donc pas douteux que le gouverneur général ne veuille avoir le cœur net de ce qui s’est passé. Il a dû expédier d’Alger quelque bâtiment pour explorer le littoral, et j’ose croire qu’il ne nous aura pas oubliés. Surveille donc la mer, Ben-Zouf, et, dès qu’un navire sera en vue, nous lui ferons des signaux.

— Et s’il ne vient pas de navire ?

— Alors nous construirons une embarcation, et nous irons à ceux qui ne seront pas venus à nous.

— Bon, mon capitaine. Vous êtes donc marin ?

— On est toujours marin quand il est nécessaire de l’être, » répondit imperturbablement l’officier d’état-major.

Et voilà pourquoi Ben-Zouf, une longue-vue aux yeux, ne cessa d’interroger l’horizon pendant les jours qui suivirent. Mais aucune voile n’apparut dans le champ de sa lunette.

« Nom d’un Kabyle ! s’écriait-il, Son Excellence le gouverneur général met quelque négligence à notre endroit ! »