Page:Verne - Hector Servadac, Tome 2.pdf/223

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

prêter que sur solide signature, et, — il faut bien l’avouer, — il ne voyait que le comte Timascheff, riche seigneur russe, avec lequel il pût se risquer. Le capitaine Servadac devait être gueux comme un Gascon ! Quant au professeur, qui aurait jamais l’idée de prêter de l’argent à un professeur ! Aussi, maître Isac se tenait-il serré.

D’autre part, le juif allait être contraint à faire de son argent un emploi aussi restreint que possible, mais sur lequel il n’avait pas compté.

En effet, à cette époque, il avait vendu aux Galliens presque tous les articles alimentaires qui composaient sa cargaison. Il n’avait pas eu la sagesse de réserver quelques produits pour sa consommation particulière. Entre autres choses, le café lui manquait. Et le café, si parcimonieusement qu’on en use, « quand il n’y en a plus, il n’y en a plus, » eût dit Ben-Zouf.

Il arrivait donc que maître Isac était privé d’une boisson dont il ne pouvait se passer, et force lui fut de recourir aux réserves du magasin général.

Donc, après de longues hésitations, il se dit qu’après tout la réserve était commune aux Galliens sans distinction, qu’il y avait les mêmes droits qu’un autre, et il alla trouver Ben-Zouf.

« Monsieur Ben-Zouf, dit-il de son ton le plus aimable, j’aurais une petite demande à vous adresser.

— Parle, Gobseck, répondit Ben-Zouf.