Page:Verne - Hector Servadac, Tome 2.pdf/69

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facilement. Un simple filet de lave, dérivé de la grande chute, suffit à chauffer ledit observatoire.

C’est là que s’installa le professeur, mangeant les aliments qu’on lui apportait à heure fixe, dormant peu, calculant le jour, observant la nuit, en un mot se mêlant le moins possible à la vie commune. Le mieux, après tout, son originalité étant admise, était de le laisser faire à sa guise.

Le froid était devenu très-vif. La colonne thermométrique n’accusait plus en moyenne que trente degrés centigrades au-dessous de zéro. Elle n’oscillait pas dans le tube de verre comme elle eût fait sous des climats capricieux, mais elle baissait lentement, progressivement. Cette baisse se continuerait ainsi jusqu’à ce qu’elle eût atteint la limite extrême des froids de l’espace, et la température ne remonterait que lorsque Gallia se rapprocherait du soleil en suivant sa trajectoire elliptique.

Si la colonne mercurielle n’oscillait pas dans le tube du thermomètre, cela tenait à ce qu’aucun souffle de vent ne troublait l’atmosphère gallienne. Les colons se trouvaient dans des conditions climatériques toutes particulières. Pas une molécule d’air ne se déplaçait. Tout ce qui était liquide ou fluide à la surface de la comète semblait être gelé. Donc, pas un orage, pas une averse, pas une vapeur, ni au zénith, ni à l’horizon. Jamais de ces brouillards humides ni de ces brumes sèches qui envahissent les régions polaires du