Page:Verne - Hector Servadac, Tome 2.pdf/70

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sphéroïde terrestre. Le ciel conservait une invariable et inaltérable sérénité, tout imprégné, le jour, de rayons solaires, la nuit, de rayons stellaires, sans que les uns parussent être plus chauds que les autres.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que cette excessive température était parfaitement supportable en plein air. En effet, ce que les hiverneurs des contrées arctiques ne peuvent impunément éprouver, ce qui dessèche leurs poumons et les rend impropres aux fonctions vitales, c’est l’air froid violemment déplacé, c’est la bise aiguë, ce sont les brumes malsaines, les terribles chasse-neige. Là est la cause de toutes les affections qui tuent les navigateurs polaires. Mais, pendant les périodes de calme, lorsque l’atmosphère n’est pas troublée, fussent-ils à l’île Melville comme Parry, ou au delà du quatre-vingt-unième degré comme Kane, plus loin encore hors des limites atteintes par le courageux Hall et les explorateurs du Polaris, ils savent braver les froids, quelque intenses qu’ils puissent être. À la condition d’être bien vêtus, bien nourris, ils affrontent les plus extrêmes températures en l’absence de tout vent, et ils l’ont fait, même lorsque l’alcool des thermomètres tombait à soixante degrés au-dessous de zéro.

Les colons de la Terre-Chaude étaient donc dans les meilleures conditions pour supporter les froids de l’espace. Les fourrures de la goëlette, les peaux préparées ne leur manquaient pas. La nourriture était abon-