Aller au contenu

Page:Verne - Hier et demain, 1910.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
95
M. RÉ-DIÈZE ET Mlle MI-BÉMOL.

— C’est le ré dièze. »

Et je filais sur ce ré dièze d’une seule haleine.

M. le Curé et M. Valrügis ne dédaignèrent pas de faire un signe de satisfaction.

« Au tour des filles ! » commanda maître Effarane.

Et moi je pensai :

« Si Betty pouvait avoir aussi le ré dièze ! Ça ne m’étonnerait pas, puisque nos deux voix se marient si bien ! »

Les fillettes furent examinées l’une après l’autre. Celle-ci eut le si naturel, celle-là le mi naturel. Quand ce fut à Betty Clère de chanter, elle vint se placer debout, très intimidée, devant maître Effarane.

« Va, petite. »

Et elle alla de sa voix si douce, si agréablement timbrée qu’on eût dit un chant de chardonnerette. Mais, voilà, ce fut de Betty comme de son ami Joseph Müller. Il fallut recourir à la gamme chromatique pour lui trouver sa note, et finalement le mi bémol finit par lui être attribué.

Je fus d’abord chagriné, mais en y réfléchissant bien je n’eus qu’à m’applaudir. Betty avait le mi bémol et moi le ré dièze. Eh bien ! est-ce que ce n’est pas identique ?… Et je me mis à battre des mains.

« Qu’est-ce qui te prend, petit ? me demanda l’organiste, qui fronçait les sourcils.