Page:Verne - Hier et demain, 1910.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
105
M. RÉ-DIÈZE ET Mlle MI-BÉMOL.

tuyau, je pus voir la foule des fidèles se répandre à travers la nef, brillamment illuminée maintenant. Et ces familles qui ne savent pas que seize de leurs enfants sont emprisonnés dans cet orgue ! J’entendais distinctement le bruit des pas sur le pavé de la nef, le choc des chaises, le cliquetis des souliers et aussi des socques, avec cette sonorité particulière aux églises. Les fidèles prenaient leur place pour la messe de minuit, et la cloche tintait toujours.

« Tu es là ? demandai-je encore à Betty.

— Oui, Joseph, me répondit une petite voix tremblante.

— N’aie pas peur… n’aie pas peur, Betty !… Nous ne sommes ici que pour l’office… Après on nous relâchera. »

Au fond, je pensais qu’il n’en serait rien. Jamais maître Effarane ne donnerait la volée à ces oiseaux en cage, et sa puissance diabolique saurait nous y retenir longtemps… Toujours peut-être !

Enfin, la sonnette du chœur retentit. M. le Curé et ses deux assistants arrivent devant les marches de l’autel. La cérémonie va commencer.

Mais comment nos parents ne s’étaient-ils pas inquiétés de nous ? J’apercevais mon père et ma mère à leur place, tranquilles. — Tranquilles aussi M. et Mme Clère. — Tranquilles les familles de nos camarades. C’était inexplicable.