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M. RÉ-DIÈZE ET Mlle MI-BÉMOL.

mini quoniam venit, admirable prélude de maître Effarane avec le jeu des prestants de flûte mariés aux doublettes. C’était magnifique, il faut en convenir. Sous ses harmonies d’un charme inexprimable, les cieux sont en joie, et il semble que les chœurs célestes chantent la gloire de l’enfant divin.

Cela dure cinq minutes, qui me paraissent cinq siècles, car je pressentais que le tour des voix enfantines allait venir au moment de l’Élévation, pour laquelle les grands artistes réservent les plus sublimes improvisations de leur génie…

En vérité, je suis plus mort que vif. Il me semble que jamais une note ne pourra sortir de ma gorge desséchée par les affres de l’attente. Mais je comptais sans le souffle irrésistible qui me gonflerait, lorsque la touche qui me commandait fléchirait sous le doigt de l’organiste.

Enfin, elle arriva, cette élévation redoutée. La sonnette fait entendre ses tintements aigrelets. Un silence de recueillement général règne dans la nef. Les fronts se courbent, tandis que les deux assistants soulèvent la chasuble de M. le Curé…

Eh bien, quoique je fusse un enfant pieux, je ne suis pas recueilli, moi ! Je ne songe qu’à la tempête qui va se déchaîner sous mes pieds ! Et alors, à mi-voix, pour n’être entendu que d’elle :