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Page:Verne - Hier et demain, 1910.djvu/159

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LA DESTINÉE DE JEAN MORÉNAS.

doter la fausse bouée qui le cachait d’une invraisemblable vitesse.

Une demi-heure s’écoula. À son estime, il devait être près de la passe, lorsque, sur la gauche, il crut entendre un bruit de rames. Il s’arrêta, prêtant l’oreille.

« Oh ! cria-t-on d’un canot, quelles nouvelles ?

— Rien de neuf, répondit-on d’une autre embarcation, sur la droite du fugitif.

— Jamais nous ne pourrons le retrouver !

— Mais est-il sûr qu’il se soit évadé par mer ?

— Sans doute ! On a repêché ses habits.

— Il fait assez noir pour qu’il nous mène jusqu’aux Grandes Indes !

— Hardi ! nageons ferme ! »

Les embarcations se séparèrent. Dès qu’elles se furent suffisamment éloignées, Jean hasarda quelques brasses vigoureuses et fila rapidement vers le goulet.

À mesure qu’il en approchait, les cris se multipliaient autour de lui, les embarcations qui sillonnaient la rade concentrant nécessairement en ce point leur surveillance. Sans se laisser intimider par le nombre de ses ennemis, Jean continuait à nager de toutes ses forces. Il avait décidé en lui-même qu’il se noierait plutôt que d’être repris, et que les chasseurs ne l’auraient pas vivant.

Bientôt la Grosse Tour et le Fort de l’Aiguillette se dessinèrent à ses yeux.