Page:Verne - Hier et demain, 1910.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
148
HIER ET DEMAIN.

Des torches couraient sur la digue et sur le rivage ; les brigades de gendarmerie étaient déjà sur pied. Le fugitif ralentit sa marche et se laissa pousser par les vagues et le vent d’ouest, qui le drossaient vers la mer.

La lueur d’une torche éclaira tout à coup les flots, et Jean aperçut quatre embarcations qui le cernaient. Il ne bougea plus, le moindre mouvement pouvant le perdre.

« Oh !… du canot ! héla-t-on de l’une des embarcations.

— Rien !

— En route ! »

Jean respira. Les embarcations allaient s’éloigner. Il était temps. Elles n’étaient pas à dix brasses de lui, et leur proximité l’obligeait à nager perpendiculairement.

« Tiens ! qu’y a-t-il là-bas ? cria un matelot.

— Quoi ? répondit-on.

— Ce point noir qui nage.

— Ce n’est rien. Une bouée en dérive.

— Eh bien ! rattrapez-la !

Jean se tint prêt à plonger. Mais le sifflet d’un quartier-maître se fit entendre.

— Nagez, les enfants ! Nous avons autre chose à faire qu’à repêcher un bout de madrier… Avant partout !… »

Les avirons frappèrent l’eau à grand bruit. Le malheureux reprit courage. Sa ruse n’était pas découverte. Les forces