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LA DESTINÉE DE JEAN MORÉNAS.

nant naissance dans la grande salle, Jean entendit deux pieds nus tomber lourdement sur le carreau. Quelqu’un se levait là-haut. Encore un instant, une porte allait s’ouvrir, un témoin survenir.

Le meurtrier comprit le danger. Ses mains relâchèrent leur étreinte et, tandis que la tête de la victime retombait inerte sur la table, plongèrent dans la sacoche, dont elles ressortirent crispées sur une liasse de billets de banque. Puis l’homme bondit en arrière, disparut par une petite porte ouvrant sous l’escalier et qui conduisait à la cave.

Une seconde, son visage apparut ainsi en pleine lumière. Il n’en fallut pas davantage pour que Jean Morénas, éperdu, affolé, le reconnût.

Cet homme, c’était celui qui venait de faire tomber les fers du galérien innocent, qui lui avait remis de l’or, qui l’avait protégé, guidé à travers la campagne jusqu’à quelques kilomètres de Sainte-Marie-des-Maures. C’est en vain qu’il avait supprimé la barbe postiche et la perruque avec lesquelles il avait essayé de modifier son visage. Il restait les yeux, le front, le nez, la bouche, la stature, et Jean ne pouvait s’y tromper.

Mais la suppression de la barbe postiche et de la perruque avait une autre conséquence plus surprenante et plus troublante encore. Dans cet homme, auquel