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LA DESTINÉE DE JEAN MORÉNAS.

sur la table. Elle murmura : « mon Dieu !… » et descendit précipitamment, son petit enfant dans les bras, les deux autres se bousculant à sa suite en pleurant.

Elle courut jusqu’à l’homme étranglé, lui souleva la tête et poussa un soupir de soulagement. Elle ne comprenait rien à ce qui était survenu, mais tout valait mieux que ce qu’elle avait craint. L’homme mort n’était pas son mari.

Au même instant, on frappa rudement à la porte extérieure et plusieurs voix se firent entendre au dehors. Redoutant elle ne savait quoi, Marguerite recula vers l’escalier, comme un animal se rapproche de son refuge quand menace le danger, et resta debout sur la première marche, ses deux enfants cramponnés à sa jupe, tenant toujours le troisième dans ses bras.

De sa place, elle ne pouvait apercevoir la porte de la cave. Elle ne vit donc pas cette porte s’entr’ouvrir, et Pierre Morénas insinuer par l’ouverture sa tête que verdissait une peur bestiale. Mais Jean, par contre, découvrait l’ensemble du tableau : l’homme mort, Marguerite et ses enfants battant en retraite, Pierre, son frère — un assassin ! — à l’affût et sentant venir, menaçant, le châtiment suivant de près le crime. Dans son cerveau, les pensées se précipitèrent en tourbillon. Il comprit.

La présence de Pierre, son forfait d’au-