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HIER ET DEMAIN.

s’épuiser en guerres insensées, — et c’est pourquoi, au cours des deux derniers siècles, elle avait avancé d’un pas toujours plus rapide vers la connaissance et vers la domestication de la matière…

À grands traits, Sofr, tout en suivant sous le brûlant soleil la longue rue de Basidra, esquissait dans son esprit le tableau des conquêtes de l’homme.

Celui-ci avait d’abord — cela se perdait dans la nuit des temps — imaginé l’écriture, afin de fixer la pensée ; puis — l’invention remontait à plus de cinq cents ans — il avait trouvé le moyen de répandre la parole écrite en un nombre infini d’exemplaires, à l’aide d’un moule disposé une fois pour toutes. C’est de cette invention que découlaient en réalité toutes les autres. C’est grâce à elle que les cerveaux s’étaient mis en branle, que l’intelligence de chacun s’était accrue de celle du voisin, et que les découvertes, dans l’ordre théorique et pratique, s’étaient prodigieusement multipliées. Maintenant, on ne les comptait plus.

L’homme avait pénétré dans les entrailles de la terre et il en extrayait la houille, généreuse dispensatrice de chaleur ; il avait libéré la force latente de l’eau, et la vapeur tirait désormais sur des rubans de fer des convois pesants ou actionnait d’innombrables machines puissantes, délicates et précises ; grâce à ces machines, il tissait les fibres végétales et pouvait travailler à