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HIER ET DEMAIN.

s’étendit pour faire sa sieste quotidienne. Mais les questions qu’il avait agitées en regagnant son domicile continuaient à l’obséder et chassaient le sommeil.

Quel que fût son désir d’établir l’irréprochable unité des méthodes de la nature, il avait trop d’esprit critique pour méconnaître combien était faible son système dès qu’on abordait le problème de l’origine et de la formation de l’homme. Contraindre les faits à cadrer avec une hypothèse préalable, c’est une manière d’avoir raison contre les autres, ce n’en est pas une d’avoir raison contre soi-même.

Si, au lieu d’être un savant, un très éminent zartog, Sofr avait fait partie de la classe des illettrés, il eût été moins embarrassé. Le peuple, en effet, sans perdre son temps à de profondes spéculations, se contentait d’accepter, les yeux fermés, la vieille légende que, de temps immémorial, on se transmettait de père en fils. Expliquant le mystère par un autre mystère, elle faisait remonter l’origine de l’homme à l’intervention d’une volonté supérieure. Un jour, cette puissance extra-terrestre avait créé de rien Hedom et Hiva, le premier homme et la première femme, dont les descendants avaient peuplé la terre. Ainsi tout s’enchainait très simplement…

Trop simplement ! songeait Sofr. Quand on désespère de comprendre quelque chose, il est vraiment trop facile de faire interve-