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L’ÉTERNEL ADAM.

commentaire brutal qui devait bientôt en être fait ne laisse pas de leur donner quelque piquant, et c’est pourquoi ils ne sont jamais sortis de mon esprit.

On en était venu — comment, peu importe ! — à parler des progrès merveilleux accomplis par l’homme. Le docteur Bathurst dit, à un certain moment :

« Il est de fait que si Adam (naturellement, en sa qualité d’Anglo-Saxon, il prononçait Edem) et Ève (il prononçait Iva, bien entendu) revenaient sur la terre, ils seraient joliment étonnés ! »

Ce fut l’origine de la discussion. Fervent darwiniste, partisan convaincu de la sélection naturelle, Moreno demanda d’un ton ironique à Bathurst si celui-ci croyait sérieusement à la légende du Paradis terrestre. Bathurst répondit qu’il croyait du moins en Dieu, et que, l’existence d’Adam et d’Ève étant affirmée par la Bible, il s’interdisait de la discuter. Moreno répartit qu’il croyait en Dieu au moins autant que son contradicteur, mais que le premier homme et la première femme pouvaient fort bien n’être que des mythes, des symboles, et qu’il n’y avait rien d’impie, par conséquent, à supposer que la Bible eût voulu figurer ainsi le souffle de vie introduit par la puissance créatrice dans la première cellule, de laquelle toutes les autres avaient ensuite procédé. Bathurst riposta que l’explication était spécieuse, et que, en ce qui le concernait, il estimait plus flatteur d’être