Aller au contenu

Page:Verne - Hier et demain, 1910.djvu/309

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
297
L’ÉTERNEL ADAM.

s’y rencontrât quelques arbustes, voire quelques touffes d’ajonc, voire simplement des traînées de lichens ou de mousses. Ici, rien de tel. On ne distinguait qu’une haute falaise noirâtre, au pied de laquelle gisent un chaos de rochers, sans une plante, sans un seul brin d’herbe. C’était la désolation dans ce qu’elle peut avoir de plus total, de plus absolu.

Pendant deux jours, nous longeâmes cette falaise abrupte sans y découvrir la moindre fissure. Ce fut seulement vers le soir du second que nous découvrîmes une vaste baie, bien abritée contre tous les vents du large, au fond de laquelle nous laissâmes tomber l’ancre.

Après avoir gagné la terre dans les canots, notre premier soin fut de récolter notre nourriture sur la grève. Celle-ci était couverte de tortues par centaines et de coquillages par millions. Dans les interstices des récifs, on voyait des crabes, des homards et des langoustes en quantité fabuleuse, sans préjudice d’innombrables poissons. De toute évidence, cette mer si richement peuplée suffirait, à défaut d’autres ressources, à assurer notre subsistance pendant un temps illimité.

Quand nous fûmes restaurés, une coupure de la falaise nous permit d’atteindre le plateau, où nous découvrîmes un large espace. L’aspect du rivage ne nous avait pas trompés : de tous côtés, dans toutes les directions, ce n’étaient que roches arides, recouvertes d’algues et de goémons généralement des-