Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pêcheries de perles. Là fonctionnent des enchanteurs qui rendent les monstres marins inoffensifs aux pêcheurs, sortes d’astrologues dont la race s’est perpétuée jusqu’aux temps modernes. Marco Polo donne ici d’intéressants détails sur les mœurs des indigènes, sur la mort des rois du pays, en l’honneur desquels les seigneurs se jettent dans le feu, sur les suicides religieux, qui sont fréquents, sur le sacrifice des veuves, que le bûcher attend à la mort de leurs maris, sur les ablutions bi-quotidiennes dont la religion fait un devoir, sur l’aptitude de ces indigènes à devenir bons physionomistes, sur leur confiance aux pratiques des astrologues et des devins.

Après avoir séjourné sur la côte de Coromandel, Marco Polo s’éleva au nord jusqu’au royaume de Muftili, dont la capitale est actuellement la ville de Masulipatam, principale cité du royaume de Golconde. Ce royaume était sagement gouverné par une reine, veuve depuis quarante ans, qui voulut rester fidèle à la mémoire de son époux. En ce pays, on exploitait de riches mines de diamants, qui sont situées dans des montagnes, malheureusement infestées par un grand nombre de serpents. Mais les mineurs, pour récolter ces pierres précieuses, sans avoir rien à craindre des reptiles, ont imaginé un singulier moyen, dont on peut à bon droit contester l’excellence. « Ils prennent plusieurs morceaux de viande, dit le voyageur, et ils les lancent dans ces précipices escarpés où nul ne peut aller. Cette chair tombe sur les diamants, qui s’y attachent. Or, dans les