Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/139

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gneurs de Venise. Lorsque tous ces invités furent réunis dans la salle de réception, les trois Polo parurent vêtus de robes de satin cramoisi. Les convives passèrent dans la salle du repas, et le festin commença. Après le premier service, Marco Polo, son père et son oncle se retirèrent un instant et revinrent splendidement drapés dans de somptueuses étoiles de Damas qu’ils déchirèrent et distribuèrent par morceaux à leurs invités. Après le second service, ils se vêtirent de robes encore plus riches, faites en velours cramoisi, qu’ils gardèrent jusqu’à la fin de la fête. Ils reparurent alors simplement vêtus à la mode vénitienne.

Les convives, surpris, émerveillés par ce luxe de vêtements, ne savaient où leurs amphitryons voulaient en venir, quand ceux-ci firent apporter les habits grossiers qui leur avaient servi pendant le voyage ; puis, défaisant les coutures, arrachant les doublures, ils en firent ruisseler rubis, saphirs, escarboucles, émeraudes, diamants, toutes pierres précieuses du plus haut prix. Ces haillons cachaient d’immenses richesses. Ce spectacle inattendu dissipa tous les doutes ; les trois voyageurs furent immédiatement reconnus pour ce qu’ils étaient réellement, Marco, Nicolo, Matteo Polo, et les plus sincères compliments leur furent prodigués de toutes parts.

Un homme aussi célèbre que Marco Polo ne pouvait échapper aux honneurs civiques. Il fut appelé à la première magistrature de Venise, et comme il parlait sans cesse des « millions » du grand khan, qui commandait