Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/160

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à sa façon. Il avait donc intérêt à se défaire de témoins gênants, et il les abandonna. Ces malheureux eurent d’abord la pensée d’implorer la générosité du gouverneur, et ils se confessèrent au chapelain, qui les encouragea dans cette pensée. Mais ces pauvres gens, craignant la vengeance de Gadifer, s’emparèrent d’un bateau, et, dans un moment de désespoir, ils s’enfuirent vers la terre des Maures. Le bateau fit côte sur la Barbarie. Dix de ceux qu’il portait se noyèrent, et les deux autres tombèrent entre les mains des païens, qui les retinrent en esclavage.

A l’époque où ces événements se passaient à l’île Lancerote, Jean de Béthencourt, montant le navire de Gadifer, arrivait à Cadix. Là, il prit d’abord des mesures de rigueur contre les hommes de son équipage enclins à la révolte, et il fit emprisonner les principaux d’entre eux. Puis, il envoya son navire à Séville, où se trouvait alors le roi Henri III ; mais le bâtiment périt dans le Guadalquivir, au grand dommage de Gadifer.

Jean de Béthencourt, étant arrivé à Séville, y reçut un certain Francisque Calve, qui était rapidement venu des Canaries, et qui offrait d’y retourner avec des approvisionnements pour le gouverneur. Mais le baron de Béthencourt ne voulut pas prendre de décision à cet égard avant d’avoir vu le roi.

Sur ces entrefaites, Berneval arriva avec ses principaux complices et quelques Canariens qu’il avait gardés avec l’intention de les vendre comme esclaves. Ce traître espérait bien faire tourner sa trahison à son