Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/210

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entier, soit seulement la figure, ou les yeux, ou seulement le nez. Ils n’ont pas d’armes comme les nôtres et ne savent même pas ce que c’est. Quand je leur montrai des sabres, ils les prenaient par le tranchant et se coupaient les doigts. Ils n’ont pas de fer. Leurs zagaies sont des bâtons. La pointe n’est pas en fer ; mais quelquefois une dent de poisson ou quelque autre corps dur. Ils ont de la grâce dans leurs mouvements. Comme je remarquai que plusieurs avaient des cicatrices par le corps, je leur demandai, à l’aide de signes, comment ils avaient été blessés, et ils me répondirent, de la même manière, que des habitants des îles voisines venaient les attaquer pour les prendre, et qu’eux se défendaient. Je pensai et je pense encore qu’on vient de la terre ferme pour les faire prisonniers et esclaves ; ils doivent être des serviteurs fidèles et d’une grande douceur. Ils ont de la facilité à répéter vite ce qu’ils entendent. Je suis persuadé qu’ils se convertiraient au christianisme sans difficulté, car je crois qu’ils n’appartiennent à aucune secte. »

Lorsque Christophe Colomb retourna à son bord, un certain nombre de ces naturels suivit son embarcation à la nage. Le lendemain, qui était le 13 octobre, les naturels revinrent en foule autour des caravelles. Ils montaient de vastes pirogues taillées dans un tronc d’arbre, et dont quelques-unes pouvaient contenir quarante hommes ; il les dirigeaient au moyen d’une sorte de pelle de boulanger. Plusieurs de ces sauvages portaient de petites plaques d’or suspendues à la cloison du nez. Ils paraissaient fort surpris de l’arrivée de ces étrangers, et