Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/211

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pensaient vraisemblablement que ces hommes blancs étaient tombés du ciel. C’est avec respect et curiosité qu’ils touchaient les vêtements des Espagnols, les prenant sans doute pour un plumage naturel. L’habit écarlate de l’Amiral excita surtout leur admiration. Il était évident qu’ils considéraient Colomb comme un perroquet d’une espèce supérieure. D’ailleurs, ils le reconnurent immédiatement pour le chef des étrangers.

Christophe Colomb et les siens visitèrent alors cette île nouvelle de San-Salvador. Ils ne pouvaient se lasser d’admirer son heureuse situation, ses magnifiques ombrages, ses eaux courantes, ses verdoyantes prairies. La faune y était peu variée. Les perroquets, au plumage chatoyant, abondaient sous les arbres et représentaient à eux seuls l’ordre des oiseaux. San-Salvador formait un plateau peu accidenté ; un petit lac en occupait la partie centrale ; aucune montagne n’en accidentait le sol. Cependant San-Salvador devait renfermer de grandes richesses minérales, puisque ses habitants portaient des ornements d’or. Mais ce précieux métal était-il tiré des entrailles de l’île ?

L’Amiral interrogea l’un de ces indigènes, et, par signes, il parvint à comprendre qu’en tournant l’île, et en naviguant vers le sud, il découvrirait une contrée dont le roi possédait de grands vases d’or et d’immenses richesses. Le lendemain, au point du jour, Christophe Colomb donna à ses caravelles l’ordre d’appareiller, et il se dirigea vers le continent indiqué, qui, suivant lui, ne pouvait être que Cipango.