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grand khan de la Chine. Le 2 novembre, il chargea un gentilhomme de son bord et un juif, parlant l’hébreu, le chaldéen et l’arabe, de se rendre auprès de ce monarque indigène. Les ambassadeurs, munis de colliers de perles, et auxquels on accorda six jours pour remplir leur mission, se dirigèrent vers les contrées de l’intérieur du prétendu continent.

Entre temps, Christophe Colomb remonta pendant deux lieues environ un beau fleuve qui coulait sous l’ombrage de grands bois odoriférants. Les habitants faisaient des échanges avec les Espagnols, et indiquaient fréquemment un endroit nommé Bohio, dans lequel l’or et les perles se trouvaient en abondance. Ils ajoutaient aussi que là vivaient des hommes à la tête de chien qui se nourrissaient de chair humaine.

Les envoyés de l’Amiral revinrent au port le 6 novembre, après quatre jours d’absence. Deux journées de marche avaient suffi pour les mener à un village composé d’une cinquantaine de huttes, dans lequel ils furent accueillis avec de grandes démonstrations de respect. On leur baisait les pieds et les mains ; on les prenait pour des dieux descendus du ciel. Entre autres détails de mœurs, ils racontèrent que les hommes et les femmes fumaient du tabac au moyen d’un tube bifurqué, en aspirant la fumée par les narines. Ces indigènes savaient se procurer du feu en frottant vivement deux morceaux de bois l’un contre l’autre. Le coton se trouvait en grande quantité dans des maisons, disposées en forme de tentes, et l’une d’elles en renfermait près de onze mille