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L’Amiral reprit la mer le 23 février. Contrarié par les vents et battu encore une fois par la tempête, il fit de nouveaux vœux avec tout son équipage, et s’engagea à jeûner le premier samedi qui suivrait son arrivée en Espagne. Enfin, le 4 mars, ses pilotes reconnurent l’embouchure du Tage, dans lequel la Nina put se réfugier, tandis que la Pinta était repoussée par les vents jusque dans la baie de Biscaye.

Les Portugais firent bon accueil à l’Amiral. Le roi lui accorda même une audience. Mais Colomb avait hâte de se rendre en Espagne. Dès que le temps le permit, la Nina reprit la mer, et le 15 mars, à midi, elle mouillait devant le port de Palos, après sept mois et demi de navigation, pendant lesquels Colomb avait découvert les îles de San-Salvador, Conception, Grande-Exuma, île Longue, îles Mucaras, Cuba et Saint-Domingue.

La cour de Ferdinand et d’Isabelle se trouvait alors à Barcelone. L’Amiral y fut mandé. Il partit aussitôt avec les Indiens qu’il ramenait du nouveau monde. L’enthousiasme qu’il excita fut extrême. De toutes parts les populations accouraient sur le passage du grand navigateur, et elles lui rendaient les honneurs royaux. L’entrée de Christophe Colomb à Barcelone fut magnifique. Le roi, la reine, les grands d’Espagne le reçurent pompeusement au palais de la Députation. Là il fit le récit de son merveilleux voyage, puis il présenta les échantillons d’or qu’il avait rapportés, et toute l’assemblée, tombant à genoux, entonna le Te Deum.