Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/233

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navire à force d’avirons, et par si grande violence le firent courir, que la queue d’icelui, de roideur qu’il allait, enfondra le canot des autres au fond.

« Mais ces Indiens, très-bons nageurs, sans se mouvoir plus lentement ni plus fort, ne cessèrent de jeter force sagettes contre les nôtres, tant hommes que femmes. Et ils firent tant qu’ils parvinrent, en nageant, à une roche couverte d’eau, sur laquelle ils montèrent et bataillèrent encore virilement. Néanmoins ils furent finalement pris, et l’un d’eux fut occis, et le fils de la reine percé en deux endroits ; et furent emmenés en le navire de l’Amiral, où ils ne montrèrent pas moins de férocité et d’atrocité de face que si c’eussent été des lions de Libye, quand ils se sentent pris dans les filets. Et ils étaient tels que nul ne les eût pu bonnement regarder sans que d’horreur le cœur et les entrailles ne lui eussent tressailli, tant leur regard était hideux, terrible et infernal. »

On le voit, la lutte commençait à devenir sérieuse entre les Indiens et les Européens. Christophe Colomb reprit sa navigation vers le nord, au milieu d’îles « plaisantes et innombrables », couvertes de forêts que dominaient des montagnes de toutes couleurs. Cette agglomération d’îles fut appelée l’archipel des Onze mille Vierges. Bientôt apparut l’île Saint-Jean-Baptiste, qui n’est autre que Porto-Rico, terre alors infestée de Caraïbes, mais soigneusement cultivée et véritablement superbe avec ses bois immenses. Quelques matelots descendirent sur le rivage, et n’y trouvèrent qu’une dou-