Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/236

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une nombreuse escorte ; ils découvrirent quatre fleuves dont les sables étaient aurifères, et ils rapportèrent une pépite qui pesait neuf onces.

L’Amiral, à la vue de ces richesses, fut confirmé dans la pensée que l’île Espagnole devait être cette célèbre Ophir dont il est parlé au livre des Rois. Il chercha un emplacement pour y bâtir une ville, et à dix lieues à l’est de Monte-Cristi, à l’embouchure d’une rivière qui formait un port, il jeta les fondements d’Isabelle. Le jour de l’Épiphanie, treize prêtres officièrent dans l’église en présence d’un immense concours de naturels.

Colomb songea alors à envoyer des nouvelles de la colonie au roi et à la reine d’Espagne. Douze navires, chargés de l’or recueilli dans l’île et des diverses productions du sol, se préparèrent à retourner en Europe sous le commandement du capitaine Torrès. Cette flottille mit à la voile le 2 février 1494, et peu de temps après, Colomb renvoya encore un des cinq navires qui lui restaient, avec le lieutenant Bernard de Pise, dont il avait à se plaindre.

Dès que l’ordre fut établi dans la colonie d’Isabelle, l’Amiral y laissa son frère, don Diègue, en qualité de gouverneur, et il partit avec cinq cents hommes, voulant visiter lui-même les mines de Cibao. Le pays que traversa cette petite troupe présentait une admirable fertilité ; les légumes y mûrissaient en treize jours ; le blé, semé en février, donnait de magnifiques épis en avril, et chaque année rapportait deux fois une moisson superbe. Des montagnes, des vallées furent franchies