Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/303

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dans laquelle des hommes, comme Bartholomeu Dias, Nicolas Coelho, le compagnon de Gama, Sancho de Thovar étaient sous ses ordres. Pourquoi cette mission n’avait elle pas été confiée à Gama, revenu depuis six mois, et qui, par sa connaissance des pays parcourus, aussi bien que des mœurs des habitants, semblait tout naturellement indiqué ? N’était-il pas encore remis de ses fatigues ? La douleur de la perte de son frère mort presque en vue des côtes de Portugal l’avait-elle si profondément affecté qu’il voulût se tenir à l’écart ? Ne serait-ce pas plutôt que le roi Emmanuel, jaloux de la gloire de Gama, ne voulut pas lui fournir l’occasion d’accroître sa renommée ? Autant de problèmes que l’histoire sera peut-être toujours impuissante à résoudre.

On croit facilement à la réalisation de ce qu’on désire vivement. Emmanuel s’était figuré que le zamorin de Calicut ne s’opposerait pas à l’établissement dans ses États de comptoirs et de factories portugaises, et Cabral, qui emportait des présents dont la magnificence devait faire oublier la mesquinerie de ceux que Gama lui avait présentés, reçut l’ordre d’obtenir qu’il interdît aux Maures tout commerce dans sa capitale. En outre, le nouveau capitam mõr devait relâcher à Mélinde, offrir au roi des cadeaux somptueux et reconduire auprès de lui le Maure qui avait pris passage sur la flotte de Gama. Enfin seize religieux, embarqués sur la flotte, devaient aller répandre dans les lointaines contrées de l’Asie la connaissance de l’Évangile.

Après treize jours de navigation, la flotte avait dépassé