Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/304

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les îles du cap Vert, lorsqu’on s’aperçut que le navire commandé par Vasco d’Attaïde ne marchait plus de conserve. On mit quelque temps en panne pour l’attendre, mais ce fut en vain, et les douze autres bâtiments continuèrent leur navigation en pleine mer et non plus de cap en cap sur les rivages de l’Afrique, comme on l’avait fait jusqu’alors. Cabral espérait éviter ainsi les calmes qui avaient retardé les expéditions précédentes dans le golfe de Guinée. Peut-être même le capitam mõr, qui devait être au courant, comme tous ses compatriotes, des découvertes de Christophe Colomb, avait-il le secret espoir d’atteindre en s’enfonçant dans l’ouest quelque région échappée au grand navigateur ?

Qu’il faille attribuer ce fait à la tempête ou à quelque dessein caché, toujours est-il que la flotte était hors de la route à suivre pour doubler le cap de Bonne-Espérance, lorsque, le 22 avril, on découvrit une haute montagne et bientôt après une longue suite de côtes qui reçut le nom de Vera-Cruz, nom changé plus tard en celui de Santa-Cruz. C’était le Brésil et l’endroit même où s’élève aujourd’hui Porto-Seguro.

Dès le 28, après une habile reconnaissance du littoral par Coelho, les marins portugais accostaient la terre américaine et constataient une douceur de température et une exubérance de végétation qui laissaient bien loin derrière elles tout ce qu’ils avaient vu sur les côtes d’Afrique ou de Malabar.

Les indigènes, presque complètement nus, portant sur le poing un perroquet apprivoisé, à la façon dont