Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/323

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ordres que des forces bien disproportionnées, le capitam mõr exigeait impérieusement qu’Ormuz reconnût la suzeraineté du roi de Portugal et se soumît à son envoyé, si elle ne voulait pas être traitée comme Mascate.

Le roi Seif-Ed-din, qui régnait alors sur Ormuz, était encore un enfant. Son premier ministre Kodja-Atar, diplomate habile et rusé, gouvernait sous son nom.

Sans repousser en principe les prétentions d’Albuquerque, le premier ministre voulut gagner du temps pour permettre à ses contingents d’arriver au secours de la capitale ; mais l’amiral, devinant son projet, ne craignit pas, au bout de trois jours d’attente, d’attaquer avec ses cinq vaisseaux et la Flor de la Mar, le plus beau et le plus grand navire de l’époque, la flotte formidable réunie sous le canon d’Ormuz.

Le combat fut sanglant et longtemps indécis ; mais, lorsqu’ils virent la fortune tourner contre eux, les Maures, abandonnant leurs vaisseaux, essayèrent de gagner la côte à la nage. Les Portugais, sautant alors dans leurs chaloupes, les poursuivirent vigoureusement et en firent un épouvantable carnage,

Albuquerque tourna ensuite ses efforts contre une grande jetée en bois, défendue par une nombreuse artillerie et par des archers, dont les flèches, habilement dirigées, blessèrent nombre de Portugais et le général lui-même, ce qui ne l’empêcha pas de débarquer et d’aller brûler les faubourgs de la ville.

Convaincus que toute résistance allait devenir impossible, et que leur capitale courait risque d’être détruite,