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LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

turiers quelques hommes qui avaient conservé le sentiment de l’honneur et de leur propre dignité. Ils protestèrent hautement au nom de la justice indignement bafouée et vendue ; mais leurs voix généreuses furent étouffées par les déclamations intéressées de Pizarre et de ses dignes acolytes.

Le gouverneur investit alors de la royauté, sous le nom de Paul Inca, un des fils d’Atahualpa. Mais la guerre entre les deux frères et les événements qui s’étaient passés depuis l’arrivée des Espagnols avaient considérablement relâché les liens qui attachaient les Péruviens à leurs rois, et ce jeune homme, qui devait bientôt périr honteusement, n’eut guère plus d’autorité que Manco-Capac, fils d’Huascar, qui fut reconnu par les peuples de Cusco. Bientôt même, quelques-uns des principaux du pays cherchèrent à se tailler des royaumes dans l’empire du Pérou : tel fut Ruminagui, commandant à Quito, qui fit massacrer le frère et les enfants d’Atahualpa, et se déclara indépendant.

La discorde régnait au camp péruvien. Les Espagnols résolurent d’en profiter. Pizarre s’avança rapidement sur Cusco, car, s’il avait jusque-là tardé de le faire, c’est qu’il n’avait sous la main que peu de forces. Maintenant qu’une foule d’aventuriers, alléchés par les trésors rapportés à Panama, se précipitaient à l’envi vers le Pérou, maintenant qu’il pouvait réunir cinq cents hommes, après avoir laissé une garnison importante à San-Miguel sous le commandement de Benalcazar, Pizarre n’avait plus de raisons pour attendre. En chemin,